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La Marseillaise : Les impressions de César

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec femme et enfant, et flanqué d’un cousin français et d’un ami d’Ollon, j’ai eu la chance de participer pour la première fois au mondial de la marseillaise à pétanque. En voici un rapide témoignage avec quelques photos.


Avec « seulement » 3900 équipes séniors, les organisateurs ne cachaient pas une légère déception.


Une explication possible : La concomitance de la marseillaise avec l’euro de football à Marseille et sa "fan zone" de 40’000 personnes à deux pas du parc Borély. En résulte l’explosion des prix d’hôtels environnants.


Avec ses lots offerts à tous les participants, une inscription dérisoire (6 euros par joueur) et ses prix très bas, la manifestation maintient sa politique de manifestation populaire, conviviale et abordable.


Ne cherchez pas la sono, le dimanche 3 juillet à 9h15, trois coups de canons donnent le coup d’envoi de la 55eme édition sur l’ensemble des sites de jeux répartis dans toute la ville.


Pour 2000 équipes, l’aventure ne dure que le temps de quelques mènes. L’élimination directe est toujours de mise et les moins ambitieux en profitent pour vivre l’aventure avec le sourire et la célèbre faconde marseillaise.


Quelques noms circulent déjà dans les allées, on souffle la présence de « zombie », de Weibel et de Lacroix qui stimulent déjà l’esprit sportif des connaisseurs. Pourtant, aucun d’eux ne passera le 4eme tour.


Pour notre première partie, personne de ne présente. Nous attendons presque 3 heures pour que l’arbitre de zone atteste du forfait. En discutant avec un journaliste, j’apprends que les doubles inscriptions sont fréquentes. Comme les équipes ont 1h30 pour se présenter lors du premier match, certain en profitent pour se présenter sous leur 2eme nom si par hasard ils perdent la 1er partie..


Heureusement, nous patientons sur le Prado, au front d’une mer scintillante, sur la zone d’une amicale bouliste à mois d’un kilomètre du parc Borély.


Le cadre est superbe. Marseille a largement préservé son littoral.


Pour la deuxième partie, il nous faut prendre un bus qui ne vient pas. une centaine de joueurs s’impatientent pendant 1h30. La colère monte à l’approche de l’heure limite du forfait. L’organisation dépêche finalement deux bus et tout le monde peut jouer normalement.


Nous gagnons les deux parties suivantes et passons donc le premier jour fatidique . Il ne reste plus que 500 équipes en course.


Pour une raison que j’ignore, les organisateurs décident de passer au tirage manuel (jusque là tout était géré par informatique) le tirage des cadrages. Un procédé lent et tatillon impose aux participants deux heures d’attente sous un soleil de plomb. Là encore la grogne se fait plus que sentir.


Le lundi, nous jouons pour la deuxième fois au parc Borély. En guise de terrain, du goudron recouvert d’une légère couche de gravier qui met les pointeurs à rude épreuve. Lever les boules à l'appoint devient très périlleux et les tireurs doivent tirer au fer.


Après 40 minutes de jeu, nous menons 9 à 0 contre un champion d’île de France accompagné de deux joueurs locaux très aguerris et de plus en plus nerveux et agressifs au fil de la partie. Je mets le point dans la poche malgré les provocations.


L’ambiance est électrique, quand mon pointeur est sur le point de pincer le cochonnet pour rajouter un point, je crie machinalement « pique le ! ». C’en est trop pour un des adversaires qui explose de rage en me sommant de ne plus parler. Les boules sont posées et l’attitude franchement intimidante.


Cette fois je réplique fermement. Sur les terrains on n’entendait qu’eux et je refuse de m’excuser de parler à mes coéquipiers. Une arbitre intervient pour prévenir que si le ton ne baissait pas, nous étions disqualifiés tous les deux. Parmi le public déjà nombreux, tous les cousins de cette grande communauté bien connue de la pétanque dans le sud de la France, comme une ombre menaçante et silencieuse.


L’arbitre sent bien le danger et reste spécialement auprès de nous. Le calme revient mais nous nous sentons pris en porte à faux, un de mes partenaire m’avoue sa peur de gagner. Le plaisir disparait. Nous baissons le niveau de jeu. Eux se mettent à tirer à rafle.Deux fois le cochonnet sort nous empêchant de gagner. La réussite tourne et laissons échapper une cette partie de 4eme tour que nous menions 11 à 0 !


L’arbitre m’encourage à signaler l’attitude inacceptable de cette équipe au bureau centrale. Je m’y applique. Discrètement elle me souffle que certains comportements et éléments de langages peuvent attiser les tensions quand ils ne sont pas typiquement marseillais.


Bref, après été menacé physiquement devant ma femme et ma fille on me signale qu’il n’est pas de bon ton de dire « bien jeté » ou pince le ! » à la boule de son partenaire.


Du coup c’est à mon tour de me pincer pour y croire. Le mondial de la marseillaise à pétanque est une manifestation sportive très plaisante tant qu’on ne joue pas contre certains joueurs à qui tout est permis.


Au delà de mon expérience mitigée, à l’heure des visées olympiques, je ne vois pas vraiment en quoi cette manifestation peut promouvoir la cause de notre sport.


Le prestige de la marseillaise tient surtout à la survivance de quelques images d’Epinal, fleurant bon le pastis et la mauvaise foi, l’amateurisme folklorique et l’intimidation "raimusienne ».


Si gagner la marseillaise reste un exploit, s’y attacher relève d’un emballement vaguement capricieux. A vivre une fois.

 

César

Pétanque de Clarens